Le grand succès télévisuel du confinement aura été l’émission Tous en cuisine de Cyril Lignac. Chaque jour, plus de 2 millions de Français y ont entendu parler casseroles avec l’accent de l’Aveyron et la fougue de l’Occitanie.
On n’a vu que lui durant ces huit semaines de confinement. Et on va le voir encore à la télé jusqu’au 12 juin. Avec son émission quotidienne bricolée à la va-vite, Tous en cuisine (M6, 18h45), le chef aveyronnais Cyril Lignac a cassé la baraque à frites (faites maison).
D’une manière générale, la cuisine sort vainqueur du confinement, avec de nouveaux convertis et une foule de citadins qui ont découvert, ébahis, à quoi ressemble un poireau, et se sont fait de
nouveaux amis : Maryse, un chinois, une cocotte, une girafe…
Sur Instagram, une multitude de chefs plus moins grands ont partagé leurs recettes les plus gourmandes et accessibles. Le guide digital le Fooding.com d’Alexandre Cammas (encore un Aveyronnais!) est allé chaque semaine à la recherche de la meilleure recette confinée. A la télé, on a vu la pastille maligne de Juan Arbelaez tous les soirs chez Quotidien (TMC). Mais c’est bien Cyril Lignac qui a remporté haut la main la palme du cuisinier le plus en vue de ce printemps pas comme les autres.
L’Aveyronnais copain du tout-Paris, avec la complicité de l’animateur Jérôme Anthony, a converti à la cuisine plusieurs millions de Français coincés chez eux, en leur proposant de réaliser chaque soir, avec lui et en direct, un plat et un dessert. Au plus fort de son succès, l’audience de Tous en cuisine a culminé à plus de 2 millions de téléspectateurs, qui ont également eu le droit d’entrer dans les cuisines d’une tripotée de célébrités aussi variées qu’improbables (Joey Starr qui prépare un riz sauté aux saucisses et merguez!). Pas mal, pour une émission vite improvisée à la suite des recettes postées par le chef sur son compte Instagram !
Mais faut-il s’étonner de trouver Cyril Lignac à cet endroit ? Il y a très longtemps que Nicole Fagegaltier, cheffe une étoile de l’Auberge du Vieux Pont à Belcastel, est au courant. Celle qu’il
appelle sa « maman en cuisine » a accueilli Cyril Lignac en apprentissage. « Ce n’était pas le meilleur des apprentis, raconte-t-elle, pourtant il la ramenait un peu. Mais je crois que cette énergie, cette apparente assurance qui pouvait le faire passer pour un frimeur, c’était surtout l’expression de sa volonté de devenir un grand cuisinier. » Déjà connu bien avant d’être reconnu.
C’est en montant à Paris que le Ruthénois a construit son histoire. En 2005, il ouvre le Quinzième, qui obtiendra plus tard une étoile Michelin et qui fermera après 15 ans d’existence. Il reprend le
Chardenoux (11e) en 2008, ouvre Aux Près en 2011, crée le Bar des Près en 2016, puis le bar à cocktails Dragon en 2019. Parallèlement, il se rapproche du chef pâtissier Benoît Couvrand, avec lequel il crée La Pâtisserie, en 2011 et la Chocolaterie, en 2016.
Avec le producteur Mathieu Jean-Toscani, Cyril Lignac a aussi créé Kitchen Factory Production, société qui conçoit et produit des contenus pour la télé et le digital : Tous en cuisine, Chef contre
chef, Le meilleur pâtissier, Sucrément bon, Les chefs contre-attaquent… Début 2020, il a publié KF Prod a fait de Cyril Lignac un chef ultra-connu (« le chef préféré des Français »).
Paradoxalement, cette célébrité a peut-être nuit à sa reconnaissance en tant que cuisinier. Quoi qu’il en soit, si sa présence quotidienne à la télé pendant trois mois est parvenue à convertir durablement les Français à une cuisine quotidienne, joyeuse et décomplexée, il aura fait oeuvre de salubrité publique. Et à Cyril Lignac, la nation pourra être reconnaissante.