Les premières cerises de l’année sont parties de Céret le 10 mai à destination de la table du Président de la République. Depuis 1932, la Ville de Céret offre au chef de l’Etat les premiers fruits de la saison. Car c’est bien ici, dans le Vallespir et nulle part ailleurs qu’apparaissent les premières cerises naturelles de France. Et les meilleures vous diront les producteurs. « Avec la présence de la montagne toute proche, nous bénéficions d’un microclimat qui fait que nos cerises sont très précoces, explique José Saqué, président du Syndicat de promotion de la Cerise. Et nos fruits sont particulièrement bons parce que nos anciens avaient eu le bon sens de choisir en premier lieu la variété Burlat, plus ferme, goûteuse, sucrée et peu acide. » C’est ainsi que Cérét est devenue la capitale des cerises primeurs, avec une récolte qui, certaines années, peut commencer dès la mi-avril (plus généralement début mai).
Les premières plantations significatives de cerisiers dans la région remontent à la fin du XIXe siècle. Aujourd’hui, la région de Céret compte une quinzaine de producteurs, dont les plus importants cultivent entre 10 et 15 hectares. « Mais moins de dix vivent exclusivement de la cerise », précise José Saqué. Il ne dira pas quel volume représente la cerise de Céret. « ¢a ne veut rien dire », balaye-t-il d’un revers de manche. Même si sa réputation est nationale, la capitale du Vallespir reste un tout petit bassin de production en comparaison avec d’autres régions arboricoles d’Occitanie (Hérault, Gard, Tarn-et-Garonne…).
Ce qui est certain, c’est que la production locale baisse régulièrement depuis une dizaine d’années. La faute à la mouche drosophile qui s’est installée ici et pond ses œufs dans les fruits. L’insecte parasite est présent partout ailleurs en France mais il semblerait qu’il s’épanouisse particulièrement dans le Vallespir où forêts et zones humides lui sont favorables. Les arboriculteurs n’ont pas encore trouvé les traitements de substitution aux produits chimiques satisfaisants. Quand ce n’est pas le gel, comme en 2022, ce sont les insectes qui s’en prennent aux cerisiers.
Autre problème soulevé par le président du syndicat de promotion de la cerise de Céret : le manque de main-d’œuvre. « La saison de récolte dure deux mois, explique-t-il ; on arrive à trouver des bras pour deux semaines mais c’est beaucoup plus difficile pour une saison entière. J’ai chez moi des cueilleurs et des cueilleuses qui ont plus de 70 ans parce qu’il n’y a personne pour prendre la relève. » Sans compter que la Burlat est une variété assez peu prolifique et difficile à récolter…
Cela n’a pas empêché Céret de célébrer la cerise les 20 et 21 mai, au son des bandas. Et il ne faudrait pas que cela retienne les consommateurs de choisir la cerise du Vallespir…